mercredi 14 septembre 2016

Terminus?

Cet été je me suis rendu ridicule et en Vendée, les deux simultanément, en partant acheter le pain et en coinçant ma jupe dans les rayons du vélo. Résultat, je me suis retrouvée avec deux possibilités aussi aguichantes l'une que l'autre: ôter ma jupe et tenter de l'arracher aux rayons du vélo, accroupie en string au beau milieu d'une résidence pavillonnaire, ou retourner à la maison à tout petits pas, attachée à mon vélo par le bas du jupon, en maintenant une allure naturelle et stoïque.

J'ai opté pour la deuxième solution (le naturel et le stoïcisme en moins), dans les deux cas de toute façon ma dignité était foutue. Déjà que c'est pas une denrée pléthorique. Mais finalement on vit très bien sans.

Je viens de lire dans El Pais qu'un machiniste avait arrêté son train qui faisait chaipluoù-Madrid dans une petite gare en chemin, parce que c'était l'heure d'arrêter de bosser et qu'il n'avait pas l'intention de faire des heures sups. Les passagers sont restés coincés deux heures dans le train aux portes verrouillées. Au début on leur a dit problème technique gnagnagna, et puis la guardia civil a fini par arriver et on les a mis dans des cars pour qu'ils terminent leur voyage, avec des heures et des heures de retard évidemment.

Alors c'est cocasse pour tout le monde cette histoire (sauf pour les passagers, ok), de penser que le gars il a fini, hop il saute de son train et il rentre chez lui. Sauf qu'on peut facilement imaginer qu'il y a dû y avoir un sacré ras-le-bol pour en arriver là, que son vase devait être foutrement plein avant que cette goutte ne tombe dedans. D'un autre côté, si tout le monde faisait comme lui, yaurait le plein emploi, parce que qui ne connaît pas des gens qui bossent environ deux, trois, ou mille fois plus que ce qu'implique leur contrat de travail? Amis burnoutés, bonjour!

(Il faudra essuyer un peu les plâtres évidemment. Que quelques femmes se sacrifient et acceptent de voir partir la sage-femme au milieu de leur accouchement (désolée, il est dix-huit heures!). Que quelques malades acceptent de mourir sur la table d'opération. Que quelques macchabées ne soient pas enterrés, ou brûlés à moitié. Qu'on se serve tout seuls au troquet après une certaine heure--s'il reste des trucs à boire, vu que les camionneurs pourront abandonner leur chargement après huit heures de route. J'aime bien l'idée, ça remettrait un peu de rythme, on s'endort un peu vous ne trouvez pas?) (Je réalise que c'est l'exact opposé de ce que permet la nouvelle loi travail. Je jure monsieur le juge que c'est une coïncidence).

Le machiniste j'espère qu'il est quelque part au bord de l'eau, une bière et une canne à pêche à la main, avec un bon pote et des sandwichs au chorizo, et qu'il profite tranquilou. Et que le facteur ne viendra pas lui filer le recommandé qui le vire, parce que lui aussi, il aura fini sa journée.








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